28 février 2007

J - 6



Plus que 6 jours à attendre...

J'en peux plus, putaing, j'en peux plus !

15 février 2007

Evy

Il y a une manière infaillible de repérer un menteur :

C'est un type qui affirme qu'Evangeline Lilly n'a aucun charme.




Ou alors c'est juste un gros con.

14 février 2007

Salomé

Il était une fois une petite fille qui s'appelle Salomé.
Salomé a 11 ans et des poussières mais dans ses yeux brillent des lueurs qui font trébucher le Temps. Salomé est toute petite, Salomé est minuscule, mais sa frimousse d'enfant contraste avec son regard adulte.

Salomé est un de ces petits êtres étranges qui, bien que n'ayant vécus qu'une dizaine d'années sur cette Terre, sont capables d'embrasser le monde dans un regard et de le comprendre instantanément, comprendre sa complexité et son essence tragique, comprendre la vacuité des choses mais aussi leur beauté. Des petits êtres étranges qui sont capables de sentir ce qui se cache au-delà de l'immédiateté du donné, ce que leurs propres parents, vous, moi, la majorité des gens ne parviendront sans doute jamais à faire durant toute leur vie.
Salomé fait partie de ces enfants-là.

Ses yeux noirs sont si vifs qu'ils semblent transpercer tout ce qu'ils touchent, et lorsque Salomé me regarde, j'ai l'impression qu'elle voit en moi et qu'elle me sait.

Salomé est légèrement typée, et porte sur son visage la belle contradiction des "préadolescents" : les rondeurs de l'enfance conjuguées à la finesse de traits et de lignes qui s'esquissent progressivement et annoncent l'arrivée prochaine et inéluctable d'une transformation définitive et totale.

Quand Salomé sourit, son visage s'illumine et l'innocence éclabousse le monde. Quand Salomé rigole, son rire, cri de petit oiseau frêle, éclate en cascade et remplit le vide qui tous nous sépare. Et de toutes ses dents qui continuent de tomber, Salomé rit, elle rit à s'en fendre le coeur, et à travers elle ce sont tous les enfants de la Terre qui rient ensemble. Et voilà que la vie revêt son plus simple apparat, celui de la naïveté de l'enfance, celui de la beauté de l'innocence, celui de la pureté.

Salomé fait de la danse, et parfois elle me montre ce qu'elle a appris, et pour cela elle saute comme seuls peuvent le faire des enfants, les pieds plus haut que la Lune et les yeux dans les étoiles.

Salomé a l'âme d'un leader, alors je la surnomme 'Mon Général'. Quand Salomé parle, les autres se taisent, et écoutent. Comme s'ils avaient déjà compris, déjà sentis qu'elle serait toujours et à jamais celle qui dirige, celle qui sait, celle qui commande. Naturellement.
Et quand elle me parle, à moi, qui la domine de toute ma taille, il y a derrière son sourire sincère tellement d'assurance et de volonté que je reste la plupart du temps sans voix. Et même si je la pare de toute l'autorité du monde, Salomé sait que je sais, elle sait ce qui se passe vraiment et cela fait de nous deux des complices involontaires mais éternels dans ce grand jeu solitaire qu'est la vie.

Salomé, à l'orée d'un monde nouveau qui se déploie sous ses pieds et à la fin d'un âge doré dont elle ne fera probablement jamais le deuil.
Salomé, môme de 11 ans dans un collège en ZEP de province.

Et moi, qui ne suis rien de plus que son surveillant, j'ai plus appris d'elle en quelques mois que de la plupart des gens en plusieurs années. Entre nous deux, cette complicité inouïe que rien ne laissait présager. Salomé, évidemment, est "ma chouchou". Je suis, c'est bien normal, sa "grande personne préférée".
Salomé pourrait être ma fille, je pourrais être son grand frère.


Mais voilà. Salomé déménage dans une semaine. Vendredi, elle quittera définitivement le collège. Nous ne nous reverrons jamais. C'est bête, mais cela m'affecte profondément. Mardi soir, à la fin de la dernière heure d'étude, Salomé a fait semblant de traîner, elle a attendu que tout le monde sorte de la pièce, et puis elle s'est dirigée vers moi, lentement. Elle a levé son visage vers moi, qui la contemplait de tout là-haut, et j'ai vu qu'il était plein de larmes. Salomé pleurait, et pourtant, ses yeux ne me lâchaient pas du regard. Intensément, Salomé me fixait en pleurant.

Et puis, dans un instant unique de grâce que je n'oublierai jamais, Salomé m'a dit de sa petite voix fluette et de cette façon si originale de s'exprimer : "Si tu veux toujours te souvenir de moi, il faudra que tu appelles ta fille comme moi".

"Il faudra." Non pas "tu pourrais" ou "il faudrait", bien sûr que non. Il faudra. "Mon Général" n'a pas encore pris sa retraite, grand merci.

Et puis Salomé est partie, parce que les bus scolaires n'attendent jamais, pas même les leaders, pas même les petits êtres extraordinaires que Dieu s'amuse quelquefois à saupoudrer sur le monde.

Moi, je n'ai rien dit, que croyez vous... Je l'ai juste regardée, j'ai souri, sans doute bêtement. Je l'ai regardée s'en aller doucement, ses petites bottes rouges s'éloigner, et c'est comme si tout le poids du monde pesait sur mes épaules.
Cette gamine qui s'en va, c'est un petit bout de vie qui s'échappe et qui meurt.

Mardi, Salomé a pleuré parce qu'on ne se verra sans doute plus jamais.
Moi, j'ai du attendre ce matin avant que ne viennent les larmes.

Ainsi va Salomé, à jamais en avance sur les hommes et le monde.