22 septembre 2005

Et que viennent les larmes

Vendredi, c'est décidé, on part à Paris.

Au début, je ne savais pas si c'était vraiment possible. En fait, je ne savais pas si c'était réalisable. Question d’argent. Question de temps.
La réalité est une salope qui sait parfois se faire discrète mais qui jamais ne s’absente.

Mais cette fois, c'est différent.

Ces retrouvailles sont à nous, on les a trop attendues, désirées, espérées, méritées. La réalité n’a rien à voir avec ça et elle devra faire avec. Ce sont quatre jours non négociables. Non monnayables.

Quatre jours.

Quatre jours pour parler. Parler le matin, le midi, le soir. Autour d’une table, les verres à pied remplis de vin rouge, quelques morceaux de gâteau se faisant oublier dans nos assiettes. Dans le café de la rue d’en face, une bouteille de Martini posée devant nous. Parler, parler, parler.

Parler de nous, des autres, du monde entier. De nos projets respectifs et communs. Mais parler tout doucement. Pas trop fort, de peur qu’ils nous échappent et disparaissent. Qu’on les perde. Qu’on les abandonne à la réalité.

Parler jusqu’à s’en péter la voix, parler jusqu’aux heures qui n’appartiennent plus tout à fait à la nuit et pas encore au jour.

Parler pendant quatre jours pour lutter contre le temps qui passe, oublier le temps qui vient, maudire celui qui s’en va.
Quatre jours.

Et puis la salope reviendra aux entournures. Elle reviendra pour nous rappeler à elle.

Je suis là mes chéris, revenez moi.
Et que viennent les larmes.


C'est un combat contre lequel je pars perdant mais je ne vais pas me laisser faire pour autant. Pas cette fois.

C'est décidé, on va à Paris.

Regarde bien, réalité. Regarde bien ce qui va se passer pendant ces 4 jours.
Regarde bien comme je t’emmerde.