10 avril 2007

Le gène de la connerie ?

Plus que douze jours avant le vote. Et une campagne qui part en vrille.

Prenez ces propos incroyables de Sarkozy sur la génétique et le "caractère inné", selon lui, de la pédophilie et du suicide.
Sitôt prononcés, ces mots ont été vivement condamnés par l'ensemble des généticiens, des humanistes, chrétiens, répuclicains de tout bord. Tant mieux.

Deux ou trois choses à dire, quand même, sur ces propos dangereux qui rappellent bien des mauvaises choses.

1) Sarkozy défendant l'idée d'un déterminisme, lui le tenant d'un libéralisme forcené, c'est quand même sacrément paradoxal.
Ben quoi Nicolas ? Quid de la liberté d'entreprendre, de la liberté des hommes ? Quid de la volonté humaine ? Il n'est pas lieu ici de disserter sur l'opposition fondamentale entre déterminisme et liberté humaine, mais sa simple évocation témoigne sans doute de la contradiction idéologique interne au candidat de l'UMP.
Et surtout de son opportunisme politique.


2) Plus grave, la pente glissante sur laquelle se place N. Sarkozy. Evidemment, celui-ci n'a en tout état de cause pas fait mention d'eugénisme, mais ses propos ouvrent la voie à toute une série de questions qui renvoient au début du XXème siècle, et que la science, si naïve, croyait avoir à jamais écartées.
Déjà, il y a un an, Sarkozy voulait s'employer à déceler les délinquants dès l'âge de trois ans. Bien heureusement, là encore, c'est toute la communauté des psychiatres, psychologues, sociologues, neurologues, qui a protesté contre ce projet.
Néanmoins, ces tentatives récurrentes de dénicher au sein de l'individu les traces préexistantes d'une "fêlure originelle" ou d'une prédisposition au meurtre, à la pédophilie, au crime, manifestent bel et bien d'une idéologie néo-conservatrice très en vogue dans certains milieux américains.
Ce n'est donc plus la société, dans sa violence et sa dureté qui serait responsable du basculement de certains individus. La psychologie ? Renvoyée elle aussi à ses chères études. Toutes ces sciences humaines qui racontent un parcours, une histoire des individualités ne signifient plus rien dès lors qu'on leur substitue la détermination des gènes et de l'ADN.
Le déterminisme, c'est la négation des histoires individuelles, des trajectoires et des variations, des rencontres et du mouvement. De la vie elle-même.

3) Plus inquiétante encore la défense de Nicolas Sarkozy. Interrogé ce matin (France 2) sur ces propos, il précise :

"Qui peut me dire que c'est normal d'avoir envie de violer un petit enfant de trois ans? Est-ce que c'est un comportement normal ?"

Personne ne peut le dire en effet... Et heureusement ! Mais ainsi, dès que l'on n'est pas d'accord avec Sarkozy, cela signifie de facto que nous trouvons "normal d'avoir envie de violer un enfant de 3 ans" !
Pense-t-il vraiment cette énormité ? Je me sens personnellement humilié par ces propos, humilié et insulté.
Si Nicolas Sarkozy renvoie tous les gens qui osent contester ses idées du côté des pédophiles, des fraudeurs, des criminels, alors ce type-là est fêlé.
Véritablement branque.

Relisez bien ces deux phrases.

"Qui peut me dire que c'est normal d'avoir envie de violer un petit enfant de trois ans? Est-ce que c'est un comportement normal ?"

Imaginer ce mec à la tête de la France me fait vraiment flipper. Et ce n'est pas exagéré.