07 décembre 2005

Eternal sunshine



Voilà. Je viens enfin de voir "Eternal sunshine of the spotless mind".

Je n'ai pas envie d'en faire une longue critique détaillée, je n'en ai ni l'envie ni la patience. Et puis je crois aussi que trop en parler, c'est en tuer la magie. Mais je ne dis ça que des bons films.

Celui-ci en fait partie. Il est même au-delà du bon film, il est le bijou que j'attendais de voir depuis...hé bien...depuis avant. Je n'ai pas la mémoire des films en eux-mêmes, je n'ai que la mémoire des moments passés et des sentiments procurés.

Ce qui est différent avec Eternal sunshine, c'est que malgré la beauté de l'histoire, malgré sa magie, j'en sors terrifié. Absolument terrifié.

Certains de ceux qui me connaissent savent à quel point je suis nostalgique et à quel point je chéris mes souvenirs. Mes souvenirs sont mes trésors intimes. Je n'en veux perdre aucun.
Je m'en fabrique constamment, je dépoussière les anciens, les vieux, ceux qui menacent de tomber dans l'oubli.

Mes souvenirs sont l'armure de mon âme, sans eux je suis nu. Sans souvenirs je ne suis rien.

Et ce film, ce putain de film, il me terrifie. Parce qu'il donne à voir des souvenirs qui s'effacent, et après tout, who's care, parce que l'important c'est le moment présent, c'est le chemin qu'on trace ensemble, là, maintenant, immédiatement.

Je ne sais pas avancer sans regarder derrière, j'avance j'avance j'avance mais je tourne la tête et je vois d'où je viens, je me vois enfant, je me regarde moi même, je suis avec mes autres moi-même, tous mes autres, et alors oui, j'avance en sécurité.
Mes souvenirs sont l'armure de mon âme.

Dieu que ce film est terrifiant qui me montre l'absurdité de ma vie. L'inanité de ma stratégie. La stratégie de ma vie. Il me ramène à mes peurs les plus primitives, les plus profondes, infantiles, infantilisantes, déroutantes, sans fondement, infinies, abyssales.

Ces êtres qui s'effacent dans le noir, ces couleurs qui s'évanouissent, ces paysages, espaces qui s'évaporent. Qui n'ont donc jamais existés.

La fin du film me paralyse, parce qu'elle donne à voir deux êtres nouveaux, deux nouveaux nés, sans mémoire des anciens, les vrais, ceux qui ont disparus dans le néant de la réalité.

L'oubli m'obsède. Je ne sais pas encore pourquoi je m'accroche autant à mes souvenirs. A l'avant, l'autrefois. Encore encore et encore.

N'ont-ils pas compris, ces deux amants, qu'au delà de leurs souvenirs, c'est eux qui ont été effacés ? Qui sont-ils à présent ? Qui prétendent-ils être ?

Eux s'en moquent, c'est leur passé.
Pas moi.

Arrachez mes souvenirs, enlevez moi une partie de ma vie.
Je suis nu. Et j'ai peur d'en crever.