12 décembre 2005

Poussière

Un bon coup de pied au derrière, voilà qui s'imposait. Je ne remercierai jamais assez Joel de me l'avoir donné. De me l'avoir donné au bon moment, celui où on commence juste à douter et pas encore à désespérer, le moment de tous les possibles et donc le moment le plus dangereux.

Alors merci à Joel, merci à Sabi, merci à Cyd, j'avais bien besoin d'un coup de fouet. Nous quatre savons à quelle vitesse les mondes s'écroulent (mais surtout les plus beaux), nous quatre avons fait l'expérience de la poussière tout autour,

(Tout n'est que poussière autour de moi et oh mon Dieu je crois bien que je dégueule de la poussière)

nous quatre vivons dans la crainte de la poussière, mais ne l'avons-nous pas mérités ?
N'est-ce pas ce pacte qui nous lie, cette fausse résignation, cette froide fatalité ?

Et si nous étions nés deux siècles trop tard ? Et si nous étions d'une époque révolue, voyageurs des temps, naufragés amnésiques ?

Cela expliquerait la poussière. Peut-être.

Au fond, je crois que tout tourne autour de R., tout tourne autour de lui. La voici, notre douloureuse vérité.
R. est parti, R. est passé et nous n'y pouvons rien.

Ne nous reste qu'un petit tas de poussière. R. est poussière et ça nous tue.

(Oh mon Dieu je crois bien que je dégueule de la poussière)

De ce petit tas de poussière, un jour nous ferons un livre. Nous en ferons une histoire et un monde oublié renaîtra.

Alors, fidèles à nous-mêmes, fidèles à ce en quoi nous croyons, fidèles à R., sa vie et sa mémoire, nous n'oublierons pas ce vers d'Aragon :

Je ne serai pour personne une excuse, pour personne un exemple.