31 mai 2006

Hypérion

Merci à toutes et à tous pour vos messages. E-mails, coups de fil, MSN, textos, cartes de voeux, bisous bien réels, tout ça me va droit au coeur.

Le plus beau cadeau, le plus symbolique, c'est Cyd qui me l'a suggéré (pas offert, faut pas exagérer non plus !) : revenir à mes premières amours et relire Les Cantos d'Hypérion.

Le coeur battant, je me suis replongé dans les deux premiers tomes, avalés en 2 jours environ. Je me souvenais de tout, ou presque. Ce que j'avais oublié, c'est à quel point cette oeuvre immense a été déterminante pour moi.

Keats et ma fascination intacte pour sa poésie. Ephémère et (donc) si puissante.

(Ci-gît
Celui dont le Nom
Est écrit dans l'Eau
)

Sol Weintraub, et son interprétation du sacrifice d'Abraham, tout simplement brillante.

(Nous ne sacrifierons plus nos fils désormais)

Martin Silenus, et sa théorie sur la douleur, magnifique.

(Elle a un code, une structure, une épaisseur)

Et puis les théories sur Dieu, sur l'Homme, sur l'Eternité. Du Grand Art. A l'origine de tout, je m'en rends compte à présent.
Tout était déjà écrit, dans ces milliers de pages, et j'ai tout bu, j'ai tout pris, j'ai tout ingurgité et j'en ai fait quelque chose de personnel. Ou plutôt, quelque chose que je croyais personnel.

Même Enée, dont j'étais fou amoureux. Enée, celle que j'aurais aimé être. Concentrant l'Univers tout entier dans son regard, incarnant l'éternité des espaces vides et centre de gravité de l'Humanité elle-même.

Comme tous les adolescents, à défaut de vouloir comprendre le monde, je voulais que ce soit lui qui me comprenne. Je voulais être le Centre immobile autour duquel tournent les choses, et pourtant, c'est moi qui tournais.

Et puis Enée est morte. Je suis resté mais j'ai changé. Enée partie, que me restait-il des Chants d'autrefois ?

Mais les étoiles me manquaient. L'Univers aussi, avec ses mystères, tous ses putains de mystères.

Alors Cyd, merci à toi. Merci de m'avoir rappelé (à l'occasion de mon anniversaire qui plus est) d'où je venais vraiment. Et ce vers quoi je tends irrémédiablement. Quoi que je fasse, quoi que j'en pense. Cet attrait irrésistible pour les espaces lointains et vides. Et les autres mondes.

Les Cantos d'Hypérion pour ne pas oublier les étoiles.



"Deux choses remplissent le coeur d'une admiration et d'une vénération toujours nouvelles et toujours croissantes, à mesure que la réflexion s'y attache et s'y applique : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi" - Kant -